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Libération

SnowTigers en cage

Le site français de téléchargement via BitTorrent a été démantelé par la gendarmerie. Que risquent ses membres?
par Astrid GIRARDEAU
publié le 8 juin 2009 à 10h45
(mis à jour le 8 juin 2009 à 10h46)

Mardi dernier, le 2 juin, des policiers ont saisi 21 serveurs et arrêté dix personnes, en région parisienne et à Toulouse. Elles sont soupçonnées d'être à la tête de SnowTigers, un site semi-privé d'échange de contenus (films, jeux vidéos, musique, etc.) via BitTorrent. Ses membres doivent-ils être inquiétés? Oui, , répond Zataz qui, le premier a relaté l'affaire, mercredi dernier. Non , répond Korben, citant un proche de l'organisation.

Le coup de filet est l'œuvre de la Gendarmerie nationale, avec l'aide de l' ALPA , l'Association de Lutte contre le Piratage Audiovisuel. Son délégué général, Frédéric Delacroix, s'est dit «très fier de cette prise» . Il a indiqué : «SnowTigers était une cible prioritaire. Un vaste réseau qui s'étendait à l'étranger et qui amassait beaucoup d'argent.»

SnowTigers.net était un site réservé à des membres invités. Quelque 250000 internautes français y étaient inscrits, créant ainsi l'une des plus grandes communautés francophones de warez et d'échanges BitTorrent. Pour s'y abonner, il fallait être invité par un membre. Les accès étaient contrôlés via l'adresse IP. Une fois connecté, le membre avait alors accès à un immense catalogue de fichiers (légaux ou non). Le site était financé par les «dons» des utilisateurs. «De la délinquance organisée , pour Frédéric Delacroix, SnowTigers a pu amasser plusieurs centaines de milliers d'euros sur le dos des ayants droit. »

Et l'ALPA de menacer : «Toutes les personnes qui ont versé de l'argent peuvent dorénavant être inquiétés, ainsi que les très gros utilisateurs» .

«Totalement faux» , répond Korben , qui dit être entré en contact avec une personne proche des administrateurs de SnowTigers. «Les serveurs étant à l'étranger, il n'y a eu aucune récupération des logs et bases de données» lui a expliqué ce contact. «Même si l'ALPA fait un jour une demande pour avoir accès à ces serveurs, ça fait plusieurs jours qu'il n'y a plus RIEN sur ce serveur. Tout a été formaté.» Et Korben d'accuser le site Zataz de jouer le jeu de l'ALPA en faisant «flipper les internautes pour rien en leur faisant croire qu'ils sont menacés si ils étaient inscrits sur le site.»

Hier, Damien Bancal, du site Zataz , répondait indirectement via une mise à jour de son article. «Nous venons de recevoir un petit document fort sympathique diffusé par un tracker torrent. Ce dernier indique que les personnes qui feraient des dons ne risqueraient rien. "NON. Nous ne gardons aucun historique des dons donc nous n'avons pas vos coordonnées". Tout ce petit monde passe par Paypal, vous pensez peut-être que Paypal ne garde aucun historique ?» Et de (re)donner les conditions d'utilisation des comptes sur Paypal. Il poursuit : «Parce que les serveurs sont à l'étrangers, la justice n'a pas accès aux BDD et autres SQL ? Les backups à distance cela existe. Cela doit être encore plus simple si les personnes arrêtées avaient, elles aussi, des backups sur leur propre machine, en France.»

Epouvantail ou réelle menace ? Comme 01.net le dit très bien : «aucune information ne permet aujourd'hui de savoir si la gendarmerie dispose de données lui permettant de retrouver les membres de SnowTigers.» . Affaire à suivre donc...

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