Ce matin encore, vous aviez en ligne de mire un voisin dans les transports en commun. Un compagnon d'inconfort que vous n'osiez pas aborder, conventions sociales obligent. Vous avez certainement loupé quelque chose. C'est ce que l'on comprend en lisant L'inconnu du métro , un blog tenu et alimenté par Marie Dinkle. Une à trois fois par jour, la demoiselle viendra vous importuner durant votre trajet quotidien pour vous faire raconter votre vie, vous prendre en photo pour rapporter le tout sur son blog. Et puisque finalement l'inconnue du métro, la vraie, c'est elle, on a décidé de reprendre son petit jeu à notre compte.
Marie a 25 ans et lorsqu'après avoir flashé sur son blog, on la contacte, on est instantanément touché par sa fraicheur et l'aspect presque naïf de sa démarche. On sent que la demoiselle ne s'attendait pas à faire autant de bruit. Elle ne sait d'ailleurs pas vraiment comment son blog s'est répandu sur la toile, même si elle se doute que le fait d'avoir 400 amis sur Facebook a dû aider. Et puis parmi ses contacts Facebook, certains doivent avoir un profil Twitter, sûrement. En fait, avant de commencer à écrire, elle pensait même qu'elle aurait à forcer ses proches pour qu'ils la lisent régulièrement. Marie Dinkle, c'est bien sûr un pseudo tiré du film Mary and Max , et elle souhaite conserver l'anonymat, d'autant plus que le buzz autour de son blog lui fait un peu peur. On lui a déjà proposé de lui donner un coup de main de différentes villes, et même différents pays, mais pour l'instant elle préfère le faire seule, quitte à varier entre Paris et Tours, où elle passe pas mal de temps. Le hic, c'est qu'à Tours, elle prend le bus. Elle a déjà essayé dans le bus mais avec la nausée c'est plutôt gênant. Et puis elle trouve ça mieux de conserver une uniformité de style, pour l'écriture comme pour les images. Ca fait seulement une semaine qu'elle a commencé. C'est pas pour déjà monter sa boite, nous confie-t-elle. Surtout qu'elle attend ses résultats de concours de la fonction publique. Ah oui, dans la vie, Marie a déjà fait pas mal de choses. Elle a étudié, comme tout le monde, dans la communication, puis a fait quelques petits boulots et a pas mal voyagé. Mais pour l'instant c'est la fonction publique qui la branche.
Normalement, Marie ne fait pas de paragraphes parce que de toute façon, elle n’a que 6 minutes en moyenne pour aborder les gens, les mettre en confiance, se présenter, leur faire raconter leur vie et prendre la photo. Nous, on a plus de temps donc on en profite. D’ailleurs, Marie n’aime pas trop qu’on lui reproche de ne pas aller en profondeur. Elle n’a pas le temps on vous dit ! Des refus, elle en a essuyés quelques-uns, mais on ne lui a pas encore dit non pour la photo finish. Ca tombe bien, puisqu’en général, elle choisit ses cibles au faciès. Il y a des gens qui ont des têtes géniales, c’est pour ça qu’elle vient vers eux. Par contre, une fois, un enfant lui a dit, alors que le trajet arrivait à son terme, que si elle mettait la photo en ligne, ses parents pourraient lui faire un procès. Elle a eu peur. C’est bien normal.
Pour son concept, Marie Dinkle a trouvé quelques influences mais pas One in 8 million , le blog du New York Times, même si elle le trouve superbe après qu'on lui en ait parlé. Non, Marie aime bien les blogs avec des photos un peu street style comme celui de Garance Doré . Pour le design du sien, elle nous dit qu'elle n'y connait vraiment rien et qu'elle a passé un bon moment avant de comprendre comment modifier un message. C'est dire. Elle ne sait pas trop s'il faut laisser le lien de connexion sur la page d'accueil ou pas, et ignorait jusque-là que c'était encore le thème par défaut de la plateforme de blog qu'elle utilise. Elle, elle voulait juste faire un blog qui ne soit pas un Skyblog, a cherché sur Google et est tombée sur Wordpress. A l'avenir, un ami devrait l'aider à gérer tout ça et une copine qui fait du street art illustrera la bannière.
Juste avant de finir l'entretien, Marie nous demande si on aime vraiment son blog ou si c’est uniquement pour relayer l’enthousiasme du net ? Evidemment, on lui répond qu’on aime. Vraiment.