Les géants du Web séduits par les amateurs

Si Google se refuse toujours à autoriser l’accès à ses données, de plus en plus d’éditeurs ont une démarche participative.
par Camille Gévaudan
publié le 5 juillet 2011 à 17h26

Forcément, c'est tentant. Alors qu'on édite la carte d' OpenStreetMap (OSM), bien calé devant son PC, et un navigateur ouvert devant les yeux, pourquoi n'irait-on pas faire un petit tour sur Google Maps pour s'inspirer de leurs informations, vérifier l'emplacement d'un commerce ou le nom d'une ruelle ? Des relevés topographiques aussi basiques ne peuvent tout de même pas être sous copyright, si ? Et d'abord, qui le saura ? Malheureusement, ce n'est pas aussi simple. Non seulement, l'ensemble des données publiées par Google sont leur propriété exclusive, mais ils ont également prévu quelques moyens de repérer les vilains copieurs. Comme d'autres éditeurs de cartes, le géant du Web a l'habitude de semer quelques pièges, sous forme de rues fictives - des trap streets, en anglais. Retrouver cette rue sur une autre carte serait l'aveu d'une contrefaçon. Interdiction absolue de pomper sur Google, donc.

Mais d’autres sont plus prêteurs avec OSM. Ainsi, depuis 2009, la Direction générale des finances publiques (DGFiP) a autorisé ses contributeurs à utiliser les plans cadastraux français - même pas besoin de les recopier à la main, ils ont pu être importés automatiquement sur OSM ! Côté satellite, Yahoo a été un précurseur ; la firme américaine a permis l’utilisation de ses clichés en 2006, en réponse à la demande d’un contributeur d’OpenStreetMap. Deux conditions : qu’ils servent à créer une carte et que la source soit citée. SpotImage, qui dépend du Centre national d’études spatiales français, a suivi en 2010. Mapquest (AOL) a investi 1 million de dollars dans la production de données libres pour OSM.

Mais, parmi les grandes entreprises à avoir tendu la main aux cartographes amateurs, c'est Microsoft qui a créé la plus grosse surprise en annonçant l'embauche de Steve Coast, fondateur du projet OpenStreetMap. Le transfert paraît contre-nature, mais il s'agit bien d'une ouverture de la part de Microsoft. Coast s'est vu confier la coordination d'une collaboration entre Bing Maps et les projets géographiques ouverts pour que les deux communautés s'enrichissent l'une l'autre. L'imagerie aérienne de Bing, de très bonne qualité, a été offerte. Seul Google continue de la jouer perso. Son éditeur de cartes, Map Maker, reprend le principe d'OpenStreetMap, sauf que les internautes participants font don de leur travail à Google. Ils renoncent à tous leurs droits d'auteur et ne bénéficient même pas, en retour, d'une autorisation de réutiliser leurs données. Don't be evil , disaient-ils…

Paru dans Libération le 1er juillet

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