Sept labels suédois à l'industrie de la musique : «Arrêtez de vous plaindre»

par Astrid GIRARDEAU
publié le 3 mars 2008 à 16h33
(mis à jour le 3 mars 2008 à 16h46)

Alors que, depuis dix ans, l'industrie du divertissement peine à se lancer dans une réflexion de fond sur sa place dans le paysage d'Internet, sept labels suédois ont décidé de se regrouper pour créer un think-tank positif sur le futur de l'industrie musicale. Une plate-forme de coopération et de «débat créatif sur la manière de redéfinir les moyens de distribution.» La semaine dernière, Adrian Recordings, A TenderVersion Recording, Flora & Fauna, HybrisI Made This, Nomethod Records et Songs I Wish I Had Written ont ainsi créé une coalition appelée The Swedish Model .

Interrogé par le site Its' a track , Martin Lundmark du label A TenderVersion Recording , raconte que l'idée est venue lors de la dernière réunion du SOM (Svenska Oberoende Musikproducenter), l'organisation qui regroupe quelques 250 labels indépendants suédois, qui lui a semblé «trop lente à bouger sur certains sujets» . Il explique «être fatigué du pessimisme qui a pollué le débat et le climat général de la musique ces derniers temps» . Il pense que si les artistes peuvent aujourd'hui produire et distribuer seuls leur musique, il y aura toujours une place pour les maisons de disque. «On doit juste s'adapter et être ouvert aux nouvelles solutions» .

A ce jour, The Swedish Model est essentiellement un manifeste dans lequel les sept labels expliquent leur point de vue sur la musique, Internet et le partage de fichiers. «Nous, dans l'industrie de la musique, nous sommes montrés incapables de suivre ce changement, constatent-ils. Certains d'entre nous ont même mené la guerre contre ceux pour qui la musique est enregistrée -- les auditeurs. Le fossé entre les producteurs et les consommateurs n'a jamais été aussi vaste. Notre époque n'est pas au "noir ou blanc". La vérité, c'est que l'Internet nous a donné une fantastique échelle de gris de possibilités ! Au lieu de riposter, on devrait apprendre des industries de la presse et du jeu vidéo. Elles ont réalisé très tôt la supériorité d'Internet et développé de nouveaux services.»

Ils poursuivent sur la nécessité d'aller de l'avant, d'accepter les nouvelles conditions induites par Internet et les nouvelles technologies et d'essayer d'avoir de nouvelles idées plutôt que de s'accrocher à d'anciens modèles dépassés : «Nous aimons les nerds qui mettent leur âme dans le développement de protocoles pour propager la musique que nous aimons. (...) Il est impossible de dire oui ou non au partage de fichiers. C'est quelque chose qui existe et qui ne peut pas être supprimé. Il n'est pas possible de le ralentir -- la force des grands bouleversements positifs pour l'humanité est beaucoup trop importante pour que des organisations d'intérêt particulier ou des lois y mettent fin. C'est comme ça. Arrêtez de vous plaindre. Si vous êtes créatifs et que votre musique est bonne alors il y aura toujours une place pour vous.»

Pour le moment, ils ne proposent pas de solutions, ni d'actions concrètes. Ils cherchent avant tout à ouvrir le débat, ou plutôt à déplacer un débat qu'ils jugent trop répressif et immobile vers un débat «positif» , «ouvert» et «moderne» : «nous croyons en la musique et nous accueillons toute nouvelle manière de la propager. Bienvenue à ceux qui préfèrent nous rejoindre et faire avancer le débat, plutôt que creuser leur tombe.»

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