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Libération

La slotMusic joue la carte musicale

par Erwan Lecomte
publié le 17 octobre 2008 à 6h51

Elle devrait arriver en France l’année prochaine, sans doute entre janvier et mars. La slotMusic est une petite carte mémoire d’un gigaoctet contenant un album de musique et, sans doute, quelques photos et vidéos de l’artiste. Au format micro-SD, elle se destine en priorité aux téléphones portables et aux baladeurs MP3. Mais il suffit d’un adaptateur pour brancher la carte soit dans un lecteur de cartes SD, soit sur le port USB d’un PC, d’une chaîne hi-fi ou d’un écran de télé.

Bonne nouvelle : les chansons qu’elle renferme - des MP3 avec un faible taux de compression (320 kbps) - seront dépourvues de DRM (Digital right management), ces verrous susceptibles d’en brider l’usage ou le transfert. La slotMusic s’achètera comme un CD. Quatre majors du disque (Universal, Sony BMG, Warner, EMI) et le constructeur de produits de stockage Sandisk sont à l’origine de ce concept, qui reprend une première tentative ratée de Sandisk qui avait lancé il y a trois ans des cartes «Gruvi», micro-SD contenant de la musique.

Les fabricants de téléphones profitent souvent de la sortie d’un blockbuster musical pour doper leurs ventes en joignant l’album sur une carte ou en l’enregistrant sur la mémoire du portable.

Avec la slotMusic, ils pourraient dépasser ces opérations ponctuelles. «Nous ciblons les utilisateurs qui souhaitent écouter de la musique sur un appareil nomade sans avoir recours à un ordinateur», explique Wojtek Rudko, directeur marketing chez Sansa, branche de Sandisk spécialisée dans les lecteurs audio/vidéos.

La slotMusic peut-elle se faire une place à l'heure où n'importe quel téléphone télécharge des chansons sans dépendre d'un PC ? A cette question, Wojtek Rudko répond par une autre : «Quid de la musique que vous avez téléchargée lorsque changez de téléphone, ou quand vous vous le faites voler ? Avec la slotMusic, vous avez une sauvegarde physique de vos albums.» Effectivement, mais de fort petite taille. Une carte micro SD, rappelons-le, est grosse comme un ongle. Et même si les slotMusic seront vendues dans un double emballage (une coque en plastique pour les déplacements et une autre de type boîtier de CD pour l'archivage), il y a fort à parier que bon nombre d'albums finiront dans l'aspirateur.

Autre souci : tous les appareils nomades ne sont pas équipés de lecteurs de carte micro-SD. Et même si, selon Sandisk, 70 % des téléphones du marché en seraient pourvus, la réalité est moins simple. En effet, sur certains appareils, l’emplacement micro-SD se trouve à l’intérieur du téléphone, d’où l’obligation d’éteindre et d’ouvrir son cellulaire pour changer d’album. Aussi, les seuls utilisateurs susceptibles de tirer un bénéfice des slotMusic seront-ils les possesseurs d’un appareil équipé d’un lecteur de carte micro-SD externe. Soit un téléphone sur deux si l’on en croit ce que l’on voit parmi la soixantaine de modèles exposés dans les rayonnages d’une Fnac, scrutés pour l’occasion. Et pas l’iPhone.

Enfin, comme si elles n’avaient rien appris de l’aventure du téléchargement, les majors comptent vendre les albums sur slotMusic au même prix que leur version CD. Pas certain, dans ces conditions, que le concept rencontre le succès. N’aurait-il pas été plus avisé de joindre ces slotMusic aux CD afin d’en stimuler les ventes ?

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