Menu
Libération

Internet Explorer 6, qu'il crève !

par Camille Gévaudan
publié le 7 mars 2011 à 18h43
(mis à jour le 7 mars 2011 à 18h46)

S'il vous arrive de galérer à cliquer sur un bouton parce qu'il est à moitié caché sous une image, si vous ne comprenez pas pourquoi le texte d'un article est superposé à son titre, ou si vous ne voyez pas la colonne de droite sur Ecrans.fr, bref, si vous vous dites souvent que les sites Internet sont mal fichus, vous surfez sans doute avec Internet Explorer 6. Comment on le sait ? Facile : ce navigateur est universellement connu comme un logiciel-dinosaure, trop vieux, mal fichu, lent, bogué, insécurisé et incapable d'afficher correctement le plus simple des sites web. Vous n'avez pas honte ? Vous devriez, pourtant. Et c'est Microsoft lui-même qui le dit.

Voilà que le géant de l'informatique accepte enfin de militer pour l'abandon de son propre logiciel, que tout le monde traitait déjà de vieux croulant depuis plusieurs années. Son grand «compte à rebours d'Internet Explorer 6», tout fraîchement lancé, surveillera et tentera d'accélérer la chute d'«IE 6» jusqu'au jour où ses parts sur le marché des navigateurs passeront sous la barre de 1%. «Maintenant que nous sommes en 2011, à l'ère des standards web modernes, il est temps de dire au revoir», lâche enfin Microsoft. On verserait presque une larme, si on n'était pas si occupé à sauter de joie.

Ecrans.fr, tel que l'ont vu 19516 internautes équipés d'Internet Explorer 6 le mois dernier... Et notre colonne de droite, alors ?

À la sortie d'Internet Explorer 6, pourtant, ses performances n'étaient pas mauvaises. Que s'est-il donc passé entre temps, pour ruiner à ce point la réputation de ce pauvre logiciel ? 10 ans, tout simplement. Autant dire une éternité dans l'échelle temporelle du Net. Depuis 2001, les usages ont énormément évolué : les photos et les vidéos ont envahi les pages web, qui se sont donc considérablement alourdies ; les sites se sont complexifiés ; les internautes ont commencé à faire des démarches administratives ou gérer leur compte bancaire en ligne. Logiquement, les différents navigateurs du marché ont dû s'adapter pour continuer à garantir une navigation optimale -- fluide, rapide et sécurisée. De nouveaux concurrents à Microsoft ont vu le jour (Safari en 2003, Firefox en 2004, Chrome en 2008...) et la firme de Redmond elle-même a suivi la tendance en sortant de nouvelles versions (7, 8, et bientôt 9). Mais tout obsolète qu'il était, Internet Explorer 6 est resté le navigateur le plus utilisé au monde... tout simplement parce qu'il était pré-installé sur tous les ordinateurs équipés de Windows XP. Et il y en a un paquet.

En quelques années, IE6 est peu à peu devenu le cauchemar des webmasters. Microsoft lui-même est bien forcé de le reconnaître : si davantage de sites pouvaient s'épargner l'effort de rester compatibles avec Internet Explorer 6, les développeurs gagnerait des heures et des heures de travail. Quelques initiatives ont déjà tenté de pousser les internautes à migrer vers des navigateurs plus modernes. La campagne « IE 6 No more », par exemple, proposait aux webmasters d'afficher ce genre d'avertissement sur leur site :

Même Google s'y est mis, en annonçant début 2010 que ses services ne seraient plus mis à jour sur IE6. «Surfer sur le web avec un vieux navigateur est un peu comme utiliser une locomotive à vapeur sur des rails pouvant supporter un TGV. Cela peut marcher, mais sans les avantages de la vitesse et de la sécurité qui sont offerts par la nouvelle technologie» , expliquait-on chez YouTube, en suppliant les internautes de ranger la vieille loco au garage.

Mais ce «boulet du Web» d'IE6, comme le surnomme le président de Mozilla Europe, Tristan Nitot, est plus difficile à déloger que prévu : 12% des internautes mondiaux l'utilisent encore aujourd'hui. Dont une moitié de Chinois, nous apprend la carte de l' Internet Explorer 6 Countdown ! Les pays retardataires sont majoritairement situés en Asie du Sud-Est tandis que les Nordiques, comme à leur habitude, sont à la pointe de la modernité avec 1% ou moins de parts de marché pour IE6.

Le site fournit notamment des solutions destinées aux entreprises pour faire migrer leur parc informatique vers les solutions logicielles les plus récentes. Microsoft prêche bien sûr pour sa paroisse en conseillant l'installation d'Internet Explorer 8, la dernière version en date de son logiciel, qui n'est toujours pas la crème des navigateurs malgré ses récents efforts. Mais les tensions concurrentielles importent peu, finalement, car Microsoft et ses concurrents se sont enfin mis d'accord sur un slogan commun : Crève, IE 6, crève !

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique