Hadopi : Jamendo riposte avec le remerciement gradué

La plateforme de musique libre Jamendo prend le contrepied de la loi Hadopi pour promouvoir son modèle gratuit, légal et ouvert.
par Alexandre Hervaud
publié le 12 mars 2009 à 16h01

Site référence en matière de musique sous licence libre (le dernier Nine Inch Nails l'était) Jamendo est une plateforme disponible en sept langues proposant un catalogue varié – tous les styles étant représentés, même le heavy metal grec- et comptant déjà plus de 500 000 membres inscrits. Gratuites et sous licence Creative Commons , les pistes peuvent être écoutées sur le site, en streaming ou téléchargés en mp3 de bonne qualité.

Surfant sur l'actualité et en réaction à la notion de riposte graduée prévue par la loi «Création et Internet», Jamendo vient d'annoncer sa volonté d'instaurer le «remerciement gradué» . Le principe est simple, et tient lui aussi en trois étapes. La première : pour un titre téléchargé -gratuitement, rappelons-le- via Jamendo, l'internaute recevra un mail de remerciement. Pour la deuxième, inspirée par l'envoi de courrier recommandé prôné par la loi débattue actuellement, il s'agira d'envoyer par la poste à l'internaute une lettre de remerciement ainsi que des documents promotionnels (stickers, communiqués, etc.). Et pour les « multi-récidivistes », comme Jamendo les surnomme ironiquement sur son blog , un mois d'abonnement Internet sera remboursé en cas de parrainage d'un lieu public (bar, restaurant) nouvellement inscrit à Jamendo PRO .

«On souhaitait montrer qu'il y a une autre voie au tout repressif, et qu'il existe des artistes qui ont tout compris au web» , nous a confié Sylvain Zimmer, le fondateur du site, depuis son bureau au Luxembourg. «C'est une action en accord avec notre mentalité. Nous ne tapons pas sur les majors, d'ailleurs nous ne sommes pas anti-système, ça nous arrive d'écouter Madonna ou Radiohead» . Depuis quelques temps, Jamendo, qui se veut une véritable alternative à la Sacem en rétribuant les artistes de manière plus juste, propose deux solutions pour «monétiser» la musique de son catalogue. D'une part en proposant de sonoriser des lieux publics, qui paient une modique somme pour pouvoir diffuser en streaming des morceaux sous licence libre. D'une autre, en proposant à des sociétés de production d'utiliser les morceaux en bande-son : une piste a ainsi récemment été choisie par la chaîne franco-allemande Arte pour illustrer un documentaire.

«Dès la semaine prochaine, une interface automatique sera mise en place pour les sociétés désirant utiliser un morceau en illustration sonore, elles pourront l'acheter directement en ligne, sans intermédiaire, et recevront le certificat d'utilisation par mail avec le morceau» , prévient Zimmer, qui suit attentivement les débats sur la loi Hadopi. «Il faut montrer que de nouveaux modèles peuvent s'imposer» .

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