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Libération

Google prend position contre le filtrage

par Cyril Solbiac
publié le 20 mai 2011 à 17h59
(mis à jour le 20 mai 2011 à 18h15)

Pendant qu' on s'amuse du côté d'Hadopi , les gouvernements britannique et américain prévoient des lois pour lutter contre les sites de téléchargement illégal, et notamment en prévoyant de pouvoir bloquer complètement les noms de domaine de sites litigieux. Google, lors de la conférence Big Tent qui se déroule à Londres, a affirmé son opposition à cette mesure et défendu la liberté d'expression.

Eric Schmidt, président exécutif de l'entreprise, expliquait que «s'il y a une loi qui exige le blocage DNS, qu'elle est adoptée par les deux chambres du Congrès et signée par le président des États-Unis, et que nous sommes en désaccord avec elle, nous la combattrons.» Autrement dit, Google refusera de retirer les sites illégaux de ses résultats de recherche. Eric Schmidt est même allée jusqu'à comparer le blocage des sites à la politique de restrictions chinoises : «Si j'étais à la place d'un gouvernement, je serais très très prudent lorsqu'il s'agit de proposer des solutions simples à des problèmes complexes. Bloquer l'accès à un site semble être une solution attrayante, mais cela établit un précédent désastreux. Car désormais tout autre pays se dira: "Je n'aime pas la liberté d'expression et je vais donc bloquer les accès", et il deviendra la Chine».

Cette prise de position tranchée a fortement déplu à la Motion Picture Association Of America (MPAA) et la Recording Industry Association of America (RIAA). Elles ont rappelé à Google qu'il «n'est pas au-dessus de la loi» et qu'il «a la responsabilité de ne pas aider les activités criminelles» .

Eric Schmidt s'est également adressé au Royaume-Uni, à qui il demande d'être «très, très prudent sur ce genre de problème. Si le gouvernement du Royaume-Uni agit dans le mauvais sens, cela pourrait être un précédent désastreux dans d'autres domaines.» Des propos qui font référence à l'Ofcom (gendarme des télécoms, dont le rôle est similaire à celui de l'Arcep par chez nous), car il est actuellement en train de rédiger un rapport sur la faisabilité des mesures de blocages des sites, à rendre dans quelques semaines.

Si Google s'oppose à un projet de blocage de noms de domaine, il a, en revanche, récemment choisi de filtrer les mots liés au piratage dans ses suggestions de recherche, pour éviter d'éventuels procès de la part d'ayants droit mécontents. En France, le syndicat National de l'Edition Phonographique (SNEP) a par exemple demandé que Google supprime les termes «torrent», «megaupload» et «rapidshare». Le SNEP a perdu son procès, mais le filtrage est resté actif sur Google , par mesure de précaution.

La situation est plus préoccupante en Autriche, où la justice a exigé le blocage d'un site de streaming. Comme expliqué sur Numerama , l'association anti-piratage autrichienne ( Verein für Anti-Piraterie der österreichischen Film und Videobranche ) a réussi à faire bloquer Kino.to par le fournisseur d'accès à internet UPC. Cette décision est étonnante car le site incriminé est un portail spécialisé qui répertorie des liens vers des vidéos en streaming hébergées sur d'autres sites. Par conséquent, ses serveurs ne cachent aucun contenu illégal. Selon Torrentfreak , de nombreux autres sites comme MegaVideo, Duckload, Freeload, Speedload et Archive sont dans le collimateur de la VAP.

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