Elections prud'homales: le bug du vote en ligne

par Marie Piquemal
publié le 21 novembre 2008 à 16h16
(mis à jour le 21 novembre 2008 à 17h19)

Jusqu'à mercredi prochain, les salariés parisiens peuvent voter en ligne pour les élections prud'homales.

Cette expérimentation, mise en place pour la première fois par le ministère du Travail, est censée faciliter les démarches et donc encourager le vote des salariés. Mais, en pratique, l’électeur moderne se heurte à quelques déconvenues.

En particulier, l'utilisateur du navigateur Firefox 3.0. Au premier clic, ce message : «La version de Firefox (3.0) que vous utilisez ne vous permet pas de voter par internet. En effet, celle-ci ne garantit pas, pour les élections prud'homales, la confidentialité des informations qui doit être assurée sur un site internet sécurisé.»

Mauvaise surprise donc pour les utilisateurs du logiciel libre, obligés pour accomplir leur devoir civique de se tourner vers des navigateurs concurrents (Internet explorer, Safari…) ou de ressortir une ancienne version de Firefox (2.0 par exemple).

Au téléphone, le service d'assistance en ligne explique: «Avec Firefox 3.0, il est possible de revenir sur la page d'avant. Donc, si vous votez du bureau, votre collègue peut connaître votre choix en quelques clics.» Et si le ministère ne savait pas y faire ?

Ce bug aurait pu être anecdotique si il ne donnait pas l'impression que Firefox n'était pas un navigateur sécurisé et fiable. «C'est notre réputation qui est mise à mal dans cette histoire. Et ça c'est très déplaisant. Nous sommes une association, notre existence dépend essentiellement de notre réputation. Et pas des budgets marketing de nos concurrents (Microsoft et Apple)» , explique, un peu amer, Tristan Nitot, le président de Mozilla Europe, en contact avec ces collègues américains, déjà au courant de l'affaire.

Alors coup monté contre Firefox? Non, pour Tristan Nitot «ça tient plus à une différence de culture. Mozilla est une fondation très ouverte et transparente. On est très facile d'accès, nos utilisateurs le savent… Le ministère et le prestataire du projet (Thalès), c'est différent…» Au ministère du travail, on évacue bien vite le problème : «15% environ des électeurs utilisent Firefox 3.0, ce n'est pas beaucoup… Inutile d'en faire toute une histoire.»

«Mais, cela ne les dispensait pas de nous alerter en amont» , ajoute-il. Comme il le raconte sur son blog , Tristan Nitot n'a été alerté que mercredi (jour du lancement du vote électronique) par les internautes eux-mêmes et non par le ministère. «Entre nous, moi aussi j'ai bondi! écrit-il. Si nous avions eu connaissance du bug, il aurait été résolu avant qu'il ne se pose…»

Baladé de serveurs vocaux en secrétariats depuis deux jours, il ne dispose toujours pas assez d'éléments pour identifier le problème. «Qu'on m'explique au moins! Et vite... Le vote par internet s'achève mercredi prochain» . Et d'ajouter : «Surtout que, par définition les salariés adeptes du vote électronique portent de l'intérêt à la Toile. Et sont donc susceptibles de connaître les logiciels libres et d'utiliser Firefox!»

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