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Libération

Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire

par Victor Matet
publié le 19 mars 2010 à 15h12

Vingt-cinq millions de Français jouent aux jeux vidéo. Et selon un rapport sur la cyberdépendance, rédigé en 2008 par deux députés UMP, entre 600000 et 800000 personnes (adultes ou jeunes) seraient victimes d'une «conduite addictive» . Fiable ? Préoccupant ? Assez pour que le phénomène fasse l'objet d'une conférence-débat à la Sorbonne mardi soir, organisé par l'Union régionale des associations familiales (Uraf) et des rectorats d'Ile-de-France, en présence d'un spécialiste de la question, le psychiatre et médecin chef à l'hôpital Marmottan, Marc Valleur. Thème de la discussion : «Dépendance aux écrans. Et si on en parlait en famille ?»

Dépendance et pas addiction. Pas question en effet pour les organisateurs de donner abusivement l’alerte, mais plutôt de dédramatiser.

«Le problème de la dépendance aux jeux en ligne est certes préoccupant , explique Olivier Gérard, de l'Union nationale des associations familiales, mais moins que celui de l'addiction aux drogues ou à l'alcool.» Autre donnée, le nombre de consultations au service d'addictologie de l'hôpital Marmottan : «Nous avons environ 300 consultations annuelles pour des problèmes de cyberdépendance» , annonce Elizabeth Rossé, psychologue au sein de l'établissement, quand le nombre de toxicomanes pris en charge avoisine les 2000. Une façon de recadrer le débat.

Les critères de cette dépendance sont relativement flous : «Contrairement à ce que l'on pourrait penser intuitivement, le temps passé à jouer n'est pas un critère en soi. Des gens passent beaucoup de temps devant la télé, ils ne sont pas pour autant addicts. Le problème, c'est quand le jeu devient un travail à plein temps, une routine» , explique Marc Valleur, qui en a profité pour mettre en garde l'assistance contre les tests destinés à évaluer la dépendance circulant sur la Toile.

Soit, mais que faire quand un jeune perd la notion du temps à force de se goinfrer de MMORPG, nom barbare qui désigne les jeux de rôle en ligne auxquels on prend part avec un maximum de compagnons virtuels ? S'il se trouve un parent dans la salle pour lancer un «Madame, l'autorité, c'est savoir dire non» , les intervenants prônent classiquement la négociation. Et la discussion. A en croire le psychiatre, faire raconter à un ado l'univers de son jeu de prédilection, la façon dont il y évolue, c'est déjà la promesse de modifier son comportement.

Paru dans Libération du 18 mars 2010

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